Tan Phat NGUYEN
Une saison 2025-2026 entre
Kung-Fu Shaolin et peinture à l'huile

             Originaire du Vietnam, c’est à l’âge de 9 ans qu’il quittera son pays natal pour venir vivre en Belgique, puis en France. Il est actuellement en étude de langues Néerlandaise et Anglaise à l’Université de Lille. Parlant 4 langues du haut de ses 22 ans, c’est entre peinture à l’huile, dessin , sport et Kung-Fu qu’il sera de nouveau présent à l’ILAM pour la saison 2025-2026. Rencontre avec le talentueux Tan Phat Nguyen :

 Depuis combien de temps pratiques-tu les Arts martiaux ?

J’ai pratiqué 5 ans de Taekwondo et cela fait 3 ans que j’ai commencé le Kung-Fu.

 

◉◉ Depuis combien de temps pratiques-tu le dessin et la peinture ?

J’ai commencé le dessina quand je suis arrivé en Europe. Ma pratique consistait au départ à dessiner des fleurs et des animaux. Donc cela fait environ une quinzaine d’année que je dessine et que je peins.

 Pourquoi les Arts Martiaux ?

Plus petit, j’étais un garçon plus frêle que les autres enfants de mon âge. Ma mère a initialement pris la décision de m’inscrire aux cours de Taekwondo pour que je sois en meilleure forme et pour combler mon manque d’appétit. C’est ainsi que j’ai découvert mon intérêt pour les arts martiaux. J’ai découvert le Kung-Fu Shaolin grâce à des films d’Arts Martiaux Chinois et des documentaires. Dû à mon héritage culturel Bouddhiste, j’ai tout de suite été attiré par cette vision de l’art martial.

◉ ◉  Pourquoi la peinture ?

J’ai toujours été fasciné par le dessin depuis petit. Mon premier contact avec l’art de la représentation était l’imagerie bouddhiste de l’enfer dans les textes religieux. Tout cela m’a fortement intrigué et j’en garde aujourd’hui un souvenir vif. Je ne me souviens pas avoir commencé le dessin quand je vivais encore au Vietnam. L’éducation là-bas accorde une grande importance à la rigueur de l’écriture, ce qui a fortement contribué finalement à mon intérêt pour la création artistique. Cette rigueur a aiguisé ma précision et mon sens de l’observation très jeune. Plus tard, quand je suis arrivé en France, mes camarades de classe m’ont fait découvrir les dessins animés, ce qui m’a poussé à dessiner énormément de dessins tirés de mangas. C’est seulement au lycée que je me suis mis au dessin plus sérieusement, avec la découverte de nombreux mouvements artistiques du XIXe et du XXe, tels que le réalisme, le préraphaélisme et l’impressionnisme pour en citer quelques-uns. Ce sont ces mouvements qui ont le plus influencé ma façon de peindre.

 

Quel aspect du Kung-Fu Shaolin t’inspire le plus et pourquoi ?

Je trouve que le Kung-Fu Shaolin est très complet. Cet art martial sollicite la force, l’endurance, la vitesse et la souplesse, il apprend à l’individu à connaître et à maîtriser son corps dans tous les aspects. Mais c’est également un art qui cultive l’esprit : on apprend le respect, l’humilité, la persévérance et la discipline. Quand j’observe un pratiquant de haut niveau, c’est la liberté du corps et de l’esprit qui me saute aux yeux, car le Kung-Fu shaolin est très libre et laisse briller l’individu. Chaque pratiquant a sa manière de faire. Due à la nature de l’art martial, le pratiquant est également très polyvalent, parce que l’on apprend à maitriser différentes armes et techniques de combat. À côté de cela, le taolu nous initie à l’apprentissage de tous ces mouvements, à travers l’enchainement de techniques martiales.

◉◉  Quel aspect de la peinture l’huile t’inspire le plus et pourquoi ?

Avant de peindre à l’huile j’ai d’abord appris les rudiments de la peinture par le biais d’une tablette graphique, par facilité et manque de moyen. Aujourd’hui je fais en grande partie de la peinture à l’huile, mais il m’arrive de temps à autre de faire de l’aquarelle et du pastel à l’huile. Quand j’étais en école d’art, j’ai également pu tester la peinture à l’encaustique, consistant à peindre en utilisant de la cire fondue comme liant. Cette expérience m’a appris quelques approches et techniques que j’applique encore aujourd’hui. Je trouve cela primordial d’au moins tester et apprendre à connaître les spécificités de différents médiums, car les subtilités propres à chacun apportent énormément à ma pratique de la peinture. Les médiums non digitaux ont l’avantage d’être plus organiques et naturels, aussi bien sur l’image aboutie qu’avec la sensation ressentie à travers le pinceau. On a tendance à oublier que la peinture à l’huile a de la matière et peut ajouter du relief à l’image, l’huile étant isolée de la surface de peinture. Cette qualité manque par exemple à l’aquarelle dont la peinture est absorbée par la surface. J’ai une certaine sensibilité pour la matière, les variations de l’épaisseur de la peinture, procurant à l’image un certain rythme. C’est un attribut aussi bien artistique que technique, car le contrôle sur la peinture à travers les diluants et liants me correspond et m’est personnellement très instinctif. Il y a évidemment d’autres aspects qui sont très intéressants, mais bien trop longs si je venais à entrer dans les détails. La peinture à l’huile est un médium très polyvalent et accessible selon moi.

 

Qu’as-tu appris de la pratique du Shaolin Kung-Fu ?

Le Kung-Fu Shaolin m’a appris des valeurs sans lesquelles je n’aurais pas pu continuer et progresser. La persévérance dans les arts martiaux joue forcément un rôle clé, surtout si on débute. On est forcément amené à s’entraîner avec plus fort et plus expérimenté que soi. J’ai encore énormément à apprendre, et être entouré de pratiquants meilleurs que moi me pousse à être patient et humble. Ces valeurs ne sont pas exclusives à ma pratique du Kung-Fu Shaolin mais sont également des piliers dans ma pratique de la peinture.

Sur le plan de la pratique, ces deux années ont pour moi été très formatrices. J’ai été initié à la grande diversité des taolu, tels que Wu Bu Quan, Lian Huan Quan, Tong Bei Quan et Xiao Hong Quan.

Les armes que j’ai le plus travaillés sont la hallebarde (Pu Dao) et le bâton, mais j’ai pu aussi apprendre un peu de sabre. La Sanda (forme compétitive du combat kung-fu) m’a appris toutes les subtilités techniques et la pratiques des mouvements traditionnels.

Avant ma pratique du Kung-Fu Shaolin, je n’avais jamais eu l’expérience du combat pied-poing. J’ai donc appris petit à petit la gestion de la pression, la technique, et également à observer et réagir. La gestion de la distance était très problématique quand j’ai commencé, car je n’avais pas la notion de la distance des poings.

Qu’as-tu appris de la pratique de la peinture à l’huile ?

Le dessin et la peinture en général m’ont appris beaucoup de choses. En dehors de la précision de l’observation et du trait requis, l’apprentissage de la peinture mène à comprendre comment on voit et interprète le monde, tout en remettant cette vision en question. C’est similaire à l’apprentissage d’une nouvelle langue qui comporterait des mots dont vous appréciez le sens et la beauté. De la même manière, la peinture est un langage, non composé de caractères mais de formes et de couleur. On apprend à voir le monde sous un autre point de vue et à apprécier la beauté en toute chose.

As-tu déjà étudié les textes ou les enseignements traditionnels du temple Shaolin ou bouddhistes ?

Mise à part les textes bouddhistes que j’ai lus plus jeune, je ne me suis jamais réellement intéressé à ces enseignements religieux, malgré le fait que cela soit une partie intégrante de ma culture. En revanche, je me suis intéressé à la mythologie bouddhiste, notamment avec la série La Pérégrination vers l’Ouest sortie en 1986, tirée d’un roman du même nom. La série raconte l’expédition du moine Tang Sanzang en Inde afin d’apporter les textes authentiques de l’enseignement bouddhiste en Chine.

◉◉  Y’a-t-il un ou plusieurs peintres qui t’influence particulièrement ? Pourquoi ?

Je suis inspiré par de nombreux artistes issus de différents mouvements au cours de l’histoire de l’art. Je dirais que la plupart de ces artistes ont vécu entre la période du XVIIIe au XXe, mais je m’inspire également des artistes contemporains. Parmi ces artistes, il y a : Carolus-Durand, John Singer Sargent, John William Waterhouse, Il y a Répine, Walter Everett, Dagnan Bouveret, Richard Schmid, pour en citer quelques-uns. Tous ces peintres excellents d’un point de vue technique, mais la plupart d’entre eux ont pour point commun un réalisme très expressif. Celui-ci provient des sujets traités, d’une maîtrise technique très poussée de la peinture ainsi que d’un certain niveau d’abstraction, aussi bien des coups de pinceau que de l’utilisation des couleurs. Les peintres impressionnistes sont maîtres dans ce domaine, bien qu’on pouvait déjà observer un certain niveau d’abstraction bien avant ce mouvement, comme chez Vélasquez.

 

Quels liens entre la pratique du Kung-Fu et la peinture ?

Parmi tant de points communs que je pourrais citer concernant les deux arts, je dirai surtout que ces deux pratiques sont des manifestations de l’esprit sous forme visuelle. Chaque pratiquant suffisamment expérimenté dans son art, que ce soit l’art de la peinture ou du combat, développe éventuellement un style qui lui est propre. Celui-ci peut difficilement être enseigné, car il perpétue à sa manière les fondamentaux de chaque art. La perfection technique est pour moi une véritable source d’inspiration, car c’est avant tout ce qui définit les arts, séparant le cri du chant, le bruit de la musique.

◉◉  Des remerciements ?

Je tiens à remercier Tim de qui j’ai beaucoup appris et qui dédie son temps pour nous. Bien évidement à Franck qui m’a beaucoup guidé, merci également de me permettre  de mettre en avant ma pratique du Kung-Fu et de la peinture. Je remercie également tous les anciens qui ont chacun apporté à ma pratique et dont je me nourris de l’expérience.

 

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Portrait de Tolstoy d'après Ilya Répine et d'après Ruth Fitton
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